Archives municipales - Patrimoine - Fontenay-sous-Bois

Les roses "Résurrection" de Ravensbrück

Rose "Résurrection"
Rose "Résurrection"

Le rosier « Résurrection » a été créé en 1975 par Michel KRILOFF pour l’Amicale des anciennes déportées de Ravensbrück à l’occasion du 30e anniversaire de la libération de ce camp de femmes. 

Situé à 80 km au Nord de Berlin, il fut le principal camp de concentration, 132 000 femmes et enfants y furent déportés. 90 000 y moururent. Près de 10 000 françaises y furent déportées dont une dizaine de Fontenaysiennes.

La rose « Résurrection » hommage à ces femmes et enfants déportés, est un symbole fort.

Elle change de couleur. Elle nait, bouton rouge, puis s’entrouvre et libère de pâles touches roses et or.

Marcelle Dudach-Roset résistante déportée explique dans un poème la signification de cet hommage :

« Je suis « Résurrection »

Et tout au long des ans

Tout au long des saisons

Je resterai le témoin de vie

Qui protégera de la barbarie

Tous les enfants du monde

Même lorsque je serai devenu églantine

Illuminant tous les chemins… »

Lucie Morice en 1981
Lucie Morice en 1981

Parmi les rescapées Ravensbrück qui portèrent ce projet se détache la figure de Lucie Morice (1902-1997).

Catholique, résistante du groupe « Liberté » des Femmes Françaises elle est arrêtée par la Milice, avec cinq autres Fontenaysiennes le 1er juillet 1944 lors d’une manifestation place de la République à Paris.

Elle est emprisonnée aux Tourelles puis au fort de Romainville. 

Déportée le 3 août 1944, elle reçoit le matricule 51 427 à Ravensbrück et est ensuite transférée au kommando de Gartenfeld. 

Elle est libérée le 3 mai 1945.

Dans un témoignage elle raconte l’évacuation du kommando et la « marche de la mort » :

« Le 21 avril 1945 encadrées de SS bien armés et de chiens, notre hallucinant cortège se met en route.

A dater de ce jour, nous allons marcher, marcher, dans la neige, la boue, le jour et la nuit, suivant nos bourreaux qui achèvent sur place celle qui, à bout de force, ne peuvent suivre. La dysenterie se déclare, nous n’en pouvons plus. Nos jambes sont enflées, nos pieds meurtris par les sabots de bois, nous avons faim et soif, nous sommes en loques. Celles qui ont encore un peu de force soutiennent les plus affaiblies, mais combien tombent ? Nous marchons ainsi 10 jours à travers des terrains labourés, des forêts, sur des routes encombrées par des troupes en retraite, toujours accompagnées par le bruit des bombardements. Nous voudrions nous laisser mourir sur place, mais non, il faut tenir jusqu’à l’extrême limite…

Un bruit circule : Hitler est mort. Malgré notre épuisement, nous voudrions manifester notre joie, mais il faut encore se méfier. Un espoir nous redonne quelques forces, et notre marche de fantômes continue.

Le 3 mai les SS fuient, nous abandonnant. Serons-nous libres ? Certains partent au-devant des chars russes que l’on devine tout proches. D’autres s’effondrent attendant les sauveurs.

Les Américains nous prennent en charge puis les Anglais. Nous commençons à réaliser que nous sommes vivantes, mais nous pensons à toutes celles que nous avons laissées en chemin… » *

Les rosiers "Résurrection" leurs sont dédiés et ont été plantés lors de la Journée de la déportation de 1977.

*témoignage tiré de l’ouvrage C’était ainsi publié par la Fédération des déportés et la Ville de Fontenay-sous-Bois en 2005.

Partager sur