Au feu ! ça flambe chez Gaveau
Nous vous présentons ce mois-ci une série de photographies de l’incendie des usines de pianos Gaveau du 12 mars 1908.
Elles ont été collées sur des panneaux de bois à la manière d’un album souvenir, reliés avec du tissu entoilé. Leur état de conservation ne permet pas d'être consultées.
En installant son usine à Fontenay-sous-Bois 12 ans plus tôt, la maison Gaveau s’inscrivait dans une démarche d’industrialisation d’un domaine qui reste encore très artisanal, celui de l’instrument de musique.
En 1908, La « Société Gaveau Frères » est en plein essor. Elle est dirigée par trois des six frères Gaveau : Etienne, Gabriel, Eugène. Ils peuvent se vanter d’une fabrication annuelle de 2000 pianos, par 400 ouvriers.
Leurs pianos sont en démonstration à l’exposition universelle de Liège en 1905. En 1906 l’usine fontenaysienne est surélevée d’un étage. L’année suivante la salle de concert Gaveau, rue de la Boétie à Paris, est inaugurée. Elle peut accueillir 1000 auditeurs, du jamais vu ! Le siège social y est transféré.
Ce 12 mars 1908, un incendie considérable détruit les trois quart des bâtiments, des documents importants, des plans, esquisses, les outils qui étaient d’ailleurs propriétés personnelles des ouvriers et tous les pianos entreposés ou en cours de fabrication.
Certains témoins du désastre disent que les flammes de l’incendie rougissent le ciel de l’Est parisien, les fumées l’assombrissent. Toute la Presse nationale en parle. Il est difficile d’ignorer cette catastrophe.
Comment en est-on arrivé là !
Un concours de circonstances déplorables !
Pourtant on ne manque pas de bras. Arrivent sur les lieux du sinistre, les pompiers de Fontenay bien-sûr, ceux de Montreuil, Vincennes, Rosny, Saint-Mandé, Bagnolet … L’armée est réquisitionnée : les Zouaves du Fort de Nogent, les Chasseurs à pied et les artilleurs du Fort de Vincennes. Les élèves-officiers de l’école de Joinville prêtent main-forte. La police assure le service d’ordre car la population se déplace pour voir ça !
Les premiers pompiers arrivés sur place utilisent le réservoir de l’usine Gaveau mais rapidement ils manquent d’eau.
Pour obtenir des renforts, au lieu de téléphoner au Préfet de Paris pour obtenir des pompes automobiles, Etienne Gaveau envoie un télégraphe qui met plus d’une heure à arriver. Le Régiment des Sapeurs-Pompiers de Paris est réputé pour son efficacité à lutter contre les incendies grâce au matériel qu’il utilise (quelques années plus tôt les voitures hippomobiles, les véhicules à traction électrique avaient été remplacées par les véhicules à pétroles allant à une vitesse de 63 km/heure). Hélas une seule pompe parisienne peut être branchée sur une prise d’eau de la ville. Les autres n’avaient pas le bon diamètre.
On ne déplore que quelques blessés. La ville est privée d’eau pendant plusieurs jours. Les dégâts matériels sont estimés à plusieurs millions de francs. Les ouvriers de Gaveau au chômage sont secourus grâce à la solidarité de la ville. Des baraquements sont construits en 15 jours et permettent d’embaucher certains d’entre eux. Les travaux de reconstruction de l’usine durent une année. Les frères Gaveau continuent les ventes grâce aux pianos de l’espace d’exposition de la rue de la Boétie à Paris. La municipalité augmente le nombre de prises d’eau avec un calibre suffisant pour que les Pompiers de Paris puissent s’y brancher. Eugène Gaveau décide de quitter la direction suite à des désaccords avec son frère Etienne qui devient le seul dirigeant de l’affaire.
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