Un franciscain et la Libération
Le dévouement de Lucien Aubry
Lucien Aubry au secours des blessés de la Libération
Le 24 août 1944, alors que la Libération de Paris est déjà bien avancée, le départ des Allemands ne fait que commencer à Fontenay. Des soldats de la Wehrmacht, fuyant Paris, traversent la ville.
Le Fort de Nogent, occupé depuis le début de la guerre, est évacué. Les habitants pensent alors la guerre achevée et sortent des drapeaux tricolores et des Croix de Lorraine fabriqués hâtivement.
Des résistants hissent le drapeau tricolore sur le toit des Moines franciscains.
Mais le 25 août, des groupes de soldats allemands, ayant été mis en déroute à Joinville-le-Pont et à Nogent-sur-Marne la veille, convergent vers Fontenay. Ils attaquent le Fort mais les FFI (Forces françaises de l’intérieur) contre-attaquent avec le soutien de la population.
Un groupe de vingt-cinq Franciscains, du Petit séminaire de la rue de Noé, actuellement la Maison du citoyen et de la vie associative, rejoint les équipes de la Croix Rouge afin de soigner les blessés.
Dans l’après-midi, les combats font rage. Les Franciscains organisent des équipes de trois personnes pour transporter les blessés, français comme allemands, jusqu’au Petit séminaire où des soins sont prodigués. L’une de ces équipes est composée du Révérend Père Aubry, professeur de mathématiques, des Pères Benoît et Bonaventure.
Ils se rendent d’abord sur les glacis du Fort, où les combats ont commencé, puis suivent les hommes armés dans le cimetière.
Vers 18h, deux jeunes filles des Forces unies de la jeunesse patriotiques (FUJP) viennent au séminaire avertir que deux blessés se trouvent sur la route 42, aujourd’hui avenue du Maréchal Joffre.
L’équipe menée par le père Aubry décide de s’y rendre, vêtus de leur robe franciscaine avec un drapeau et des brassards de la Croix-Rouge. Mais une fois arrivée sur place, l’équipe est prise pour cible par un tireur allemand.
Le Père Aubry est grièvement blessé à la jambe. Il est alors ramené en urgence au séminaire mais l’artère fémorale étant touchée, personne ne parvient à arrêter l’hémorragie. Il est alors évacué en urgence vers l’hôpital de la Croix-Saint-Simon dans le 20ème arrondissement de Paris afin qu’une transfusion sanguine soit tentée. Malheureusement c'est un échec et le Père Aubry décède dans la nuit.
Il avait 38 ans.
Le défunt est alors ramené au Séminaire, où de nombreux fontenaysiens viennent lui rendre un dernier hommage.
Ses obsèques ont lieu lors d'une grande cérémonie, le 29 août, avec les autres habitants de la ville, morts durant les combats de la Libération.
Le père Lucien Aubry repose dans le cimetière communal, division 23, côté mur. La tombe regroupe les franciscains morts à Fontenay entre 1926 et 1976.
Son nom apparaît sur deux plaques commémoratives: celle posée par la Croix Rouge Française, avenue du Maréchal Joffre et celle du Mémorial de la Liberté, carrefour des Martyrs de la Résistance.
Il est déclaré Mort pour la France par le Ministère de la Guerre le 25 juin 1945 et reçoit la même année la décoration de la Croix-Rouge française. Il est décoré de la Croix de Guerre 1939-1940.
Pour compléter cette actualité retrouvez :
La fiche de Lucien Aubry dans le Mémorial 1939-1945
La biographie complète de Lucien Aubry et le rôle des franciscains dans la Résistance
"article rédigé par Clara Huguet en août 2022."