Mai 1968
Mai 1968 : Un printemps pas comme les autres
Les origines de "Mai 68" sont à rechercher à la faculté de Nanterre où des étudiants protestent contre l'arrestation de 6 militants du Comité Vietnam national et occupent la tour administrative. On appelera cela "le mouvement du 22 mars".
Ce mouvement de contestation s'étend début mai au quartier Latin à Paris.
Les étudiants sont rejoints par les travailleurs, le secteur public ... Ils remettent en cause tout un système, social, culturel, politique.
En 1968, Fontenay-sous-Bois compte 38 773 habitants. La création administrative de la ZUP (zone à urbaniser en priorité) date de 1960.
Les logements, les bureaux, les infrastructures sortent tout juste de terre. La Plaine n'est plus mais le Grand ensemble est en devenir.
De l'autre côté, à l'Ouest de la ville, le tissu industriel s'est effiloché. Les usines Blanco, des Parapluies, des Rigollots ont mis la clé sous la porte. Gaveau est moribonde.
Un tract de l'Union locale du syndicat CGT, nous apprend que dans la semaine du 20 mai 1968 de nombreux ouvriers des chantiers de construction des logements de la Redoute, de la "Plaine", de "l'hospice" Hector-malot, des entreprises Castaing, Gremy sont en grève.
L'union locale met en garde les employés de l'usine pharmaceutique Roche contre les stratégies de la direction pour éteindre l'expression massive de leurs revendications. Il mentionne 10 ans de contentieux entre les travailleurs et le patronat et reprend ainsi le slogan national : "10 ans ça suffit", 10 années qui correspondent à la période depuis laquelle De Gaulle est au pouvoir..
Le secteur public administratif fontenaysien est également concerné.
Le 20 mai, les employés communaux se mettent en grève, pour une durée illimitée. Le bâtiment de la mairie est fermé.
Sur les 47 communes du Val-de-Marne, 25 mairies sont en grève dont 15 avec occupation des locaux.
Le personnel fontenaysien en grève met en place, en vue d'assurer l'hygiène et la sécurité publique, le maintien de quelques services: l'état civil, les repas dans les foyers des vieux travailleurs, les urgences dans les dispensaires. Des sacs en papier sont distribués aux usagers pour leur ordures ménagères. Le personnel de la cuisine centrale entre également dans le mouvement, mais assure malgré tout des repas gratuits aux grévistes et aux 500 enfants de la garderie.
La maison de retraite Hector-Malot et son annexe de la Dame-Blanche sont en grève.
Les facteurs ne distribuent plus le courrier, le personnel du tri arrêtent le travail. Les ateliers du métro, rue Jean-Jacques-Rousseau ont rejoint le mouvement. Le 21 mai, dans une lettre aux parents, des enseignants de Fontenay (l'école n'est pas précisée) annoncent une grève pour le lendemain.
Les revendications concernent les salaires, les retraites, les conditions de travail, la liberté syndicale. Tous s'accordent sur la suppression des fameuses Ordonnances de 1967 du gouvernement de De Gaulle sur la Sécurité sociale.
Elles remettent en cause les principes de 1945 sur l'égalité des droits. Les communaux demandent l'abrogation du projet de loi Fouchet portant atteinte à l'autonomie communale. Les grévistes demandent également une réforme profonde de l'enseignement et des universités.
Le mouvement est national. La France est paralysée.
Le 20 mai, on compte 10 millions de travailleurs en grève ou dans l'incapacité de travailler.
La municipalité d'Union démocratique, dirigée depuis 1965 par Louis Bayeurte, soutient le mouvement en organisant l'approvisionnement de la ville en carburant, en denrées de première nécessité et palliant ainsi les pénuries. Cela concerne l'essence, les médicaments, les denrées alimentaires comme le sucre, l'eau minérale pour les nourrissons, les pommes de terre ... Des garderies pour les enfants de grévistes sont organisées.
Le 29 mai, un crédit municipal de 2 000 000 anciens francs est voté auquel s'ajoute celui du Conseil Général de 1 104 900 A.F. Il alimente une caisse d'entraide pour les grévistes nécessiteux, leur famille, les travailleurs émigrés qui campent sur la commune ... Des collectes d'argent sur la ville complétent le financement. Le maire demande aux sociétés, propriétaires de logements, de reporter le paiement des loyers car beaucoup de fontenaysiens en grève ne toucheront pas ou peu de salaires en mai et juin. Pour les plus démunis, il demande une réduction de loyer. La solidarité s'organise.
C'est l'occasion pour les formations syndicales de se renforcer. Depuis le début du mouvement, 6 unions locales de la CGT sont créées dans le Val-de-Marne dont celle de Fontenay-sous-Bois.
A l'issue du conflit, les 450 salariés des usines phamaceutiques Roche obtiennent, en juin, la 5ème semaine de congés payés pour les jeunes et 25, 26, 27, 28, et 30 jours de congés annuels pour 6, 12, 15, 20 et 25 ans d'ancienneté.
De nombreux fontenaysiens ont vécu de près ou de loin ces évènements et ont très certainement participé aux manifestations parisiennes. Les récits des acteurs de cette période mouvementée sont précieux et complèteraient les informations conservées dans les archives municipales.
N'hésitez pas à nous les confier.