La place d' Armes
Au XVIIIe siècle, la place d’Armes était au centre du village.
Elle connait plusieurs dénominations au court des siècles : place des Feste, du Carrefour, d'armes, du Général Leclerc.
Jusqu’en 1769, s'y trouvait le bâtiment de la grange aux dîmes où étaient stockés les produits en nature, portion de la production agricole versée depuis le Moyen-Age pour entretenir l’Eglise.
Ensuite, le bâtiment a servi de salle de danse et de cabaret, lieu central de convivialité et de retrouvailles par excellence.
Il est loué en 1787 à un cabaretier Jean-Louis Gambard, qui l'achète en 1791, juste quelques jours avant que le décret du 24 septembre 1791 n'en autorise la vente à la municipalité. Celle-ci projetait d'y installer un corps de garde et une salle de réunion pour la municipalité. Ce projet sera finalement réalisé place de l'église.
Lorsque débutent les évènements révolutionnaires, Fontenay-sous-Bois est un gros village qui comptait près de 1700 habitants. On y cultive principalement la vigne.
Le roi Louis XVI convoque les Etats Généraux à Versaille le 5 mai 1789 afin de rédiger les Cahiers de doléances.
Une cinquantaine de fontenaysiens se rassemblent chez Gambard, le cabaretier de la place d'Armes. Un greffier improvisé note les discussions, les met en forme dans 32 articles d'un cahier "Des plaintes, doléances et remontrances de la paroisse de Fontenay-sur-le-bois-de-Vincennes". 57 fontenaysiens signent le cahier. Nicolas-Germain Lameau est désigné par la paroisse pour porter le Cahier à l'assemblée préliminaire de la Prévôté de Paris hors les murs.
Art. 1er. La suppression entière de tous les impôts connus sous le nom de Taille, Industrie en premier et deuxième brevet, Capitation, Vingtième et Corvée soit en nature ou argent
Cahier de doléances de la paroisse de Fontenay-sous-le-bois-de-Vincennes
En juillet 1790, se déroulent, sur cette place, les réjouissances consécutives à la Fête de la Fédération qui a eu lieu à Paris le 14 juillet pour célébrer le 1er anniversaire de la prise de la Bastille.
La Fête de la Fédération est voulue par l’Assemblée Nationale pour promouvoir l’Unité et la Réconciliation de tous les Français. Les fontenaysiens y envoient une délégation importante.
C’est à cette même époque qu’est créé le sceau de la commune de Fontenay. Il porte la mention "Union, Fraternité". Il reprend également, comme l’a souhaité l’Assemblée, le symbole de l’antique faisceau en référence à l’autorité des magistrats de la République Romaine. A partir de 1790 il devient le nouvel emblème de la France.
Ces verges liées en cylindre autour du manche d’une hache deviennent le symbole de la force des citoyens réunis pour défendre la Liberté nouvellement acquise de haute lutte. A gauche on peut y distinguer des feuilles de chêne et à droite feuilles de laurier.
Sur cette place d’Armes, le dimanche 25 septembre 1791, après la grand-messe, est planté un arbre de la Liberté en l’honneur de l’adoption de la Constitution le 3 septembre.
Accompagné de la Garde Nationale, le premier Maire de Fontenay Jacques-François Vitry y donne lecture de la Constitution.
C’est sur cette même place que se rassemblent en 1792 les volontaires engagés pour défendre «la Patrie en danger» selon le décret pris en juillet par l’Assemblée Nationale.
Sources :
Heures sauvées, Alexis Houzeau (1744 - 1823)
Chronique 1689 - 1871, Nicolas-Joseph Fichon et Nicolas-Germain Fichon
En 1838, la place d’Armes est pavée afin d’éviter les ornières formées lors des fortes pluies par l’eau dévalant depuis l’Église.
Une fontaine publique est installée sur la place à la fin du XVIIIe siècle. Les fontenaysiens l'appelaient la fontaine du carrefour. Elle était dans l'axe de la rue de Nogent, rue de l'Ancienne mairie actuelle. Jugée irréparable et gênante pour la circulation, elle est remplacée par une borne-fontaine en 1862.
En 1948, la place prend de nom du général Leclerc, mort l’année précédente, afin de rendre hommage au chef de la 2eme Division Blindée qui a participé à la fin de la Libération de Paris le 25 août 1944.
Retrouvez la vidéo de l'INA sur l'entrée de la 2e DB du Général Leclerc dans Paris