Fontenay-sous-Bois en 1944
Fontenay-sous-Bois en 1944
Fontenay-sous-Bois, comme de nombreuses autres villes de France, a été durement touché par la Seconde guerre mondiale.
Le bureau de bienfaisance de la commune vient en aide aux habitants durant cette période difficile. Des aides sont accordées pour les femmes en couches telles des vêtements pour les nouveaux nés. C’est aussi le cas pour les femmes et les hommes dont les maris, les fils ou les frères sont engagés, prisonniers, décédés, travaillant ou étant réquisitionnés en Allemagne ou même étant dans l’incapacité physique de travailler. Ils touchent des allocations ou se voient offrir la soupe gratuite afin de les aider à pallier à leurs besoins quotidiens en l’absence des leurs proches qui, avant la guerre, subvenaient aux besoins de leurs foyers.
La Ville accueille aussi des réfugiés d’autres régions de France comme le Pas-de-Calais.
En mai 1940, le Nord est envahi par l’armée allemande et incitent de nombreux habitants à prendre la fuite vers le Sud. A partir de juin 1940, la région est sous contrôle allemand.
Puis en 1944, les bombardements alliés s’intensifient et causent de nombreuses destructions et victimes. La commune voit aussi des réfugiés venus d'autres villes s’y installer.
Le gouvernement de la Ville tente d’aider la population en mettant en place diverses aides.
En janvier 1944, il existe un comité d’assistance aux prisonniers de guerre qui aide à l’envoi gratuit de colis. Ce comité est dirigé par M. LHERMITE avec des bénévoles et un personnel restreint.
En juillet 1944, de nombreux citoyens sont inquiets face aux difficultés de ravitaillement. Dans ce contexte, la commune tente d’assurer les collectes de légumes chez les producteurs locaux et ceux de la région parisienne.
A partir d’août 1944, le Comité de Libération nationale dirige la commune et un secrétariat général au ravitaillement est mis en place. Ce dernier gère tous les projets de ravitaillement et réquisition de nourriture et de matériel.
Des tickets de rationnement sont mis en place durant la guerre afin d’avoir accès à toute sorte de nourriture (pain, sucre…). A Fontenay, des incidents ont par ailleurs eu lieu lors de la validation des tickets des cartes de pain. Cela amène la commune à établir le texte d’une affiche qui sera apposée chez les boulangers et sur les murs pour rappeler les instructions à respecter. Un recensement des stocks de lait condensé est aussi envisagé. Du sucre saisi est entreposé dans une crèche pour être distribué aux titulaires de cartes E et V à raison de 500 grammes par carte.
De plus, afin de conserver la nourriture mise de côté, il est instauré une surveillance des denrées entreposées dans une crèche et assurée par les Forces Françaises de l’Intérieur (FFI) à partir de la soirée du 23 août 1944.
Par ailleurs, un ravitaillement particulier pour ces derniers est assuré pour quelques jours par les stocks communaux et un bon de réquisition de 150 grammes de pain par homme est attribué chaque jour. Les camions de ces derniers sont utilisés afin de réaliser le ravitaillement communal.
Des inventaires des stocks de denrées alimentaires existant chez les détaillants est effectué par 10 équipes de 3 hommes conduites par un membre du Comité qui en est responsable. Les industriels doivent déclarer leurs stocks en matière première et prendre les dispositions nécessaires pour une remise en marche des entreprises. Leurs déclarations sont par la suite vérifiées.
Des réquisitions de denrées disponibles chez les commerçants sont réalisées tout comme les stocks d’eau de Javel. Ces réquisitions touchent aussi des automobiles nécessaires aux services.
Un recensement des véhicules utilitaires et des stocks de combustibles est prévu d’être effectué dans les 24 heures de l’application d’une affiche invitant les propriétaires à faire la déclaration à la Mairie. Le contrôle des déclarations des véhicules est affecté pour affectation de ceux sans emploi au ravitaillement général.
D’autres aspects de la vie quotidienne sont encadrés par le Comité de Libération avec la mise en place de la lutte contre le marché noir, les prescriptions de camouflage des lumière mises en place avec avertissements lors d’une première infraction et sanctions en cas de récidive ainsi que l’interdiction de circulation des voitures de tourisme.
La commune tente aussi d’agir sur la santé de ses habitants. En effet, une circulaire pour les médecins est faite afin de leur demander un geste de solidarité et une réduction du montant de leurs honoraires. Ils sont aussi incités à faire des suggestions pour le maintien d’un bon état sanitaire dans la Ville.
Le 25 août 1944, le contexte de tension liés aux combats au sein même de Fontenay se ressent par l’appel réalisé par les dirigeants de la commune et adressé aux parents par affiches pour que ces derniers évitent de laisser les enfants circuler librement dans les rues.
Suite aux combats du 25 août 1944, les obsèques militaires des morts ont lieu le 29 août 1944 à 10 heures dans la cour près de la Mairie. Les corps y sont rassemblés pour un dernier hommage.
Dans ce contexte, il est demandé aux FFI de procéder d’urgence à l’arrestation des miliciens et de vérifier la situation des sujets allemands qui habitent Fontenay.
Le chef des FFI doit donner des instructions pour que les porteurs d’ordres de mission soient aidés dans leur tâche par les membres du FFI.
Suite à la Libération de Fontenay, une volonté d’effacer l’Occupation anime la commune. Cette dernière se traduit par le retrait par le service de la voirie de toutes les affiches apposées sous le régime de Vichy et encore présentes sur les murs de la Ville.
Des visites sont aussi réalisées par le Comité de Libération chez les commerçants et industriels afin de récupérer l’argent « du produit de la contribution volontaire à réclamer chez les commerçants et industriels qui ont fait de gros bénéfices pendant l’Occupation »[1].
L’argent a pour but de payer les indemnisations aux chômeurs. Cependant, en septembre 1944, certains membres des FFI sont coupables d’opérations illégales (réquisitions irrégulières, saisies, perquisitions sans ordre) et le Comité demande au Commandant militaire de faire cesser ces actions.
En octobre 1944, une nouvelle nomination du Conseil municipal a lieu : M. COYNE est élu Maire avec 23 voix à l’unanimité et M. LAURENT est élu Premier Adjoint avec 23 voix à l’unanimité.
Dans ce nouveau Conseil, parmi les conseillers municipaux se trouvent deux hommes absents : Alexandre CAQUELARD, déporté, et Emile LASNE, prisonnier.
[1] Citation extraite de la réunion du Conseil municipal du 7 septembre 1944
Article rédigé par Aude Gaidamour en septembre 2024.
Sources
-Registres du bureau de bienfaisance 1939-1945, Archives municipales de Fontenay-sous-Bois.
-Registres des séances du Conseil municipal 1939-1945, Archives Municipales de Fontenay-sous-Bois.
-Archives Départementales du Pas-de-Calais