De la plume à l'écran, destin du roman Sans famille d'Hector Malot
Le service des archives présente ce mois-ci deux lettres inédites du romancier Hector Malot qui font écho au film d’Antoine Blossier, Rémi Sans Famille, qui sortira en salle le 12 décembre prochain.
Le réalisateur s’est inspiré du célèbre roman, Sans famille, de l’écrivain normand.
Malot s’installe en 1864 à Fontenay où il fait construire un chalet en bois, avenue de la Dame Blanche.
Le livre a failli ne jamais paraître.
En effet un premier manuscrit disparaît en 1870, suite à l’exil du romancier en Suisse pour fuir les dangers de l’invasion prussienne.
Son chalet est pillé. Malot attend 8 ans pour se remettre à l’écrire. Il change l’histoire. Il s’en explique ainsi : « Il y a des cas où inventer exige moins de travail que se souvenir ».
Ce feuillet contient deux lettres postées de Fontenay.
La première (à droite) est envoyée à Pierre Wolff (1865-1944), journaliste, auteur dramatique et librettiste. Ce dernier a adapté, en collaboration avec Henry Fouquier, le roman Sans famille en pièce de théâtre. Le livre est déjà un succès littéraire.
Hector Malot apprend dans un journal, très certainement le quotidien Le XIXe siècle du 7 juillet 1892, que M. Wolff a choisi le « Nouveau théâtre » comme lieu de la première représentation.
Le romancier s’insurge contre ce choix. Il dénigre cette salle de spectacle qui est en fait le Théâtre de la Porte Saint-Martin à Paris. Le théâtre est « nouveau » car reconstruit en 1873, après avoir été incendié en 1871 par les communards. Malot le compare à « La Roulotte » et à « Tabarin », synonymes pour beaucoup de personnes de théâtre de foire et de charlatanisme.
La salle accueille pourtant des auteurs reconnus tels qu’Alexandre Dumas ou Victor Hugo. Malot, n’apprécie peut-être pas la pièce prévue en première partie : Maître d’armes de Jules Mary ou alors les acteurs choisis pour interpréter ses personnages : MM. Taillade, Dailly, Péricaud …
Cette lettre, du 10 janvier, n’arrive pas à destination et est retournée à l’expéditeur. Alors Hector Malot, une semaine plus tard, s’adresse, dans une seconde missive (à gauche), à Henry Fouquier (1838-1901), sur le même sujet. Henry Fouquier est lui aussi journaliste, dramaturge et beau-père de Georges Feydeau.
La pièce ne sera pas jouée en 1892, faute d’accord du romancier et de son vivant, il ne trouvera pas « un vrai théâtre, une bonne représentation » pour son Sans famille.
Il faut attendre 26 ans après sa mort pour voir la pièce montée au Théâtre du Petit Monde.
Le cinéma sera plus prompt à adapter Sans famille. Le premier film tiré du roman est réalisé, en muet, par Georges Monca en 1913. La télévision s’en empare en 1965 et en 2000. On peut retrouver Rémy en bande dessinée, en roman photo, en dessin animé japonais …
Pour les amoureux des belles écritures, les manuscrits originaux d’Hector Malot sont consultables à la bibliothèque du Puy-en-Velay en Haute-Loire (Fonds Jourde).
Retrouvez l’article de presse du journal XIXe siècle sur le site Gallica