Nénette
Talisman de guerre
Pendant la 1ère guerre mondiale, les civils à l’arrière s’organisent en prévision d’éventuelles attaques allemandes. En 1918, la guerre aérienne s’intensifie.
A Fontenay les autorités prévoient en cas de bombardements aériens une alerte avec les cloches, les clairons et les tambours. Les carrières de plâtres et leurs galeries souterraines peuvent servir d’abris.
Et il y avait les superstitions …
Nénette, ici présentée en document du mois, poupée confectionnée avec des bouts de laine, était censée protéger les civils des bombardements.
Il suffisait de l’accrocher à un veston, une robe, un corsage pour que les bombes des Gothas (avions de marque allemande) ne vous atteignent pas.
Les familles, les fiancées et marraines de guerre l’offraient également aux poilus pour qu’ils bénéficient de cette protection.
Nénette, le garçon, allait de pair avec Rintintin, la fille.
Souvent on les raccordait par un fil pour les porter autour du cou, comme un collier. Cela faisait penser à un chapelet.
Sur les cartes postales (voir photo), on trouve Radadou, leur enfant.
A l’origine, elles étaient de simples poupées d’enfants. Elles ont été créées par le célèbre dessinateur et affichiste, Francisque Poulbot en 1913.
On les retrouve dans le catalogue de jouets de la Samaritaine cette année-là.
Il voulait contrer l’arrivée massive sur le marché de poupées allemandes, qu’il trouvait très laides. Nénette et Rintintin étaient les petits noms que se donnaient Francisque Poulbot et sa femme.
Ces poupées deviennent très populaires en 1918, l’année où la capitale est à portée des tirs d’artillerie allemands.
On raconte qu'un jeune couple échappe aux bombardements sur Paris. Cette histoire fait le lien avec le pouvoir de protection du couple de poupées.
Le porte-bonheur, ici photographié, appartenait à un fontenaysien d’adoption, aujourd’hui disparu, André Hanse.
Il avait 13 ans en 1914 et raconte « sa guerre » dans « 1914-1944, les mémoires d’un fontenaysien »
Il se souvient de la chanson populaire « Nénette et Rintintin » qui parle de ces poupées.
Hélas dans la nuit du 30 au 31 janvier 1918, les autorités fontenaysiennes n’ont pas le temps de déclencher les alertes pour que la population civile puisse se mettre à l’abri.
Nénette et Rintintin deviennent dérisoires après le passage du raid aérien allemand.
Une dizaine de bombes sont déversées sur la commune, tuant 2 enfants, Marcelle et Lucien Lapie et blessant gravement leur mère, Joséphine.
Les dégâts matériels sont importants dans les rues du Châtelet (actuellement Charles-Bassée), Guérin-Leroux, de Rosny, du Parc (actuellement du Commandant-Jean-Duhail) et Boschot.
Les Gothas reviennent sur la ville dans le mois de mars 1918 et lâchent un seul projectile sur l’usine de pianos de Gaveau sans faire de gros dégâts.
A la suite de ce drame, les autorités locales réorganisent la défense de Fontenay.
Deux sirènes sont installées sur les toits de l’usine des Bouchons (entreprise Magafor, rue Charles-Bassée actuellement) et de la Mairie (Maison de l’habitat actuelle). Les alertes avec les cloches, les clairons et tambours sont supprimées.
Le maire, Charles Bassée donne pour instruction d’éteindre toutes les lumières en cas d’alerte car elles risqueraient d’être des repaires pour les avions ennemis.
Par contre, il ne donne pas suite à l’idée de creuser des tranchées tout autour de la ville pour servir d’abris.
Les poupées Nénette et Rintintin sont vendus en magasin jusque dans les années 50.
Mais l’histoire ne s’arrête pas là.
En 1918, un aviateur américain découvre sur le sol français, des chiots bergers-allemands.
Il adopte un mâle et une femelle auxquels il donne le nom de Nénette et Rintintin.
Ce dernier devient la vedette d’une série américaine éponyme.