Archives municipales - Patrimoine - Fontenay-sous-Bois

L' Hôtel de Ville

Hôtel de Ville, sans date
Hôtel de Ville, sans date
Illustration du livre d'or pour l'inauguration
Illustration du livre d'or pour l'inauguration
Vue aérienne sans date
Vue aérienne sans date
Parc de l' Hôtel-de-Ville, sans date
Parc de l' Hôtel-de-Ville, sans date

A l’emplacement de l’Hôtel-de-Ville se trouvait l’ancien château seigneurial dont la présence est attestée dès le 17ème siècle.

Jacques Maquer, ancien seigneur de Fontenay, y a séjourné.

Après 1789, le château est revendu à des vignerons. Nous n’en avons aucune représentation iconographique et nous ignorons sa date de démolition. Les escaliers situés dans la partie basse du parc sont les seuls vestiges de ce passé seigneurial. 

Le terrain est composé de jardins, de vergers avec des murs séparatifs, d’un très beau parc et d’une ancienne maison de maître presque en ruine, la propriété Appert.

1858 : une nouvelle mairie, située rue de l'ancienne mairie, par l' architecte Claude Naissant (1801-1882)

1930 : adoption du projet d’agrandissement de la mairie (extension mimétique de chaque côté du pavillon initial)

1908 : Poste principale inaugurée, boulevard André Bassée.

Sécurité sociale : rue du Châtelet (actuellement rue Charles-Bassée)

Poste de Police place du Général Leclerc 

Deuxième moitié du XXe siècle

1960 : création de la ZUP

1969 : ouverture annexe de la mairie dans le quartier des Alouetts

Dans le cadre des réflexions sur l’extension des secteurs urbanisés et la restructuration des équipements publics, la municipalité décide la création d’un pôle administratif réunissant des équipements complémentaires (mais réalisés avec des financements divers selon leur affectation) :

- Hôtel-de-Ville

- Poste centrale

- Centre de sécurité sociale

- Commissariat de Police

Le projet et l’évolution urbaine de la ville

Le site retenu est un emplacement stratégique, sur la crête, à mi-chemin entre le centre ancien et le nouveau secteur d’urbanisation de la ZUP.

En 1970, la Ville achète les terrains pour 3 millions de francs. 

Deux entreprises industrielles y sont aussi implantées :

  • La Société S.L.M protection des métaux par électrplyse, le zingage
  • La Société Hervieu appareils de manutention, chariots et remorques industriels

ZUP de Fontenay et projet de l’Hôtel-de-Ville : le choix de l’emplacement, qui permet de relier le centre-bourg aux les nouveaux secteurs d’urbanisation, et l’ambition du programme, montrent une volonté de la municipalité de s’emparer des opportunités offertes par la mise en œuvre de la ZUP (projet porté/imposé par l’État).

1970 une exposition sur la ZUP et sur le plan d’urbanisme présente l’état d’avancement du programme : sur 6840 logements, 2458 sont déjà construits.

Dans cette exposition le centre administratif est déjà prévu : sur la ligne de crête le long du boulevard de Verdun, Galliéni, du 25 Août 1944 (zone de contact entre le vieux et le nouveau Fontenay).

La 1ère pierre est posée le 7 mars 1971. 

1973 : inauguration de l’Hôtel-de-Ville.

Le 16 septembre 1973, l’ Hôtel de Ville est inauguré en présence de nombreux fontenaysiens, d' ouvriers et techniciens des différents corps de bâtiments qui ont réalisé cet édifice, de l’architecte et de personnalités politiques.

Le projet de pôle d’équipements annoncé dans la plaquette lors de l’inauguration est plus ambitieux : une salle culturelle polyvalente et un ensemble de boutiques (voir Plaquette inauguration, AM Fontenay-sous-Bois).

Louis Bayeurte, maire (1965-2002), parle dans son discours d’inauguration d’une « maison de verre au service de la population ».

Trois ans plus tard, le parc paysager (à l’abandon au début des années 1970) est présenté comme un complément de l’équipement et fait l’objet de nouvelles plantations et autres mesures d’entretien.. Certains ormes doivent être abattus car ils ont » la maladie hollandaise ». Des arbres sont plantés.

Un arrosage automatique, l’éclairage et un lac artificiel avec sa cascade ont été installés.  

L’inauguration a lieu en le 9 octobre 1976.

1977 : construction de la Sécurité Sociale et de la Poste (voir étude CNAM, CNAM Techniques architecturales, Mairie de Fontenay-sous-Bois, Berthault, Grenier, Koch, 1977, AM Fontenays-sous-Bois)

- Sécurité Sociale (actuelle Aile Est (direction de la population) de l' Hôtel de Ville et

- Commissariat de police arch. Henri Beauclair

- Poste arch. Raymond Adda (1909-1994)

Plan de masse de l’ensemble administratif

La création d’une dalle desservant l’ensemble des équipements prévus sur le site semble faire écho aux projets d’urbanisme de dalle réalisés dans le cadre de la concrétisation des premières tranches de la ZUP. La réflexion sur la forme urbaine du pôle administratif apparaît comme un moment significatif dans l’évolution des approches urbaines en évolution dans le cadre de la ZUP.

Le chantier et les choix constructifs

1969 : L’étude de sol révèle un terrain de marnes vertes, travertin de Brie et de marne sous-gypseuses. Une pente orientée est-ouest. Au pieds du terrain (partie basse de la pente) sont constatés des éboulis.

La présence d’une nappe d’eau souterraine, demande la réalisation d’un drainage.

La spécificité des sols est présentée (dans l’étude CNAM 1977) comme la motivation du choix d’une structure métallique, plus légère par rapport à une structure en béton armé, et permettant de réduire les points à conforter. 

Chaque poteau peut recevoir une charge de 150 tonnes (fondations : des puits avec des plats solidarisés entre eux par des longuerine pour raidir l’ensemble, voir étude CNAM 1977).

Il faut signaler que l’architecte Henri Beauclair travaille depuis plusieurs années, en partenariat avec Marcel Lods et Paul Depondt, sur le développement des constructions en structures métalliques, et notamment les solutions utilisant des éléments préfabriqués (1951 - création de la société Lods-Depondt-Beauclair). 

Le projet de l’Hôtel de Ville entre donc dans cette démarche d’expérimentation de ces techniques constructives pour contenir les coûts, proposer des chantiers relativement rapides, tout en permettant une liberté considérable dans les propositions spatiales.

L' architecture de l'Hôtel de Ville

L'architecte Henri Beauclair propose une articulation claire des fonctions et profite habilement de la pente du terrain.

L'entrée depuis la dalle se situe au niveau haut des parties accessibles au public : depuis l'accueil, une rampe descend vers le niveau principal accueillant le hall, la salle du conseil et la salle du mariage.

Une autre rampe donne accès au bureau du Maire, précédé par une mezzanine qui permet une vue générale de l'ensemble des espaces cités.

Les niveaux accesssibles par des rampes depuis la dalle sont largement vitrés, ouverts vers le paysage grâce à l'utilisation de la structure métallique permettant de réduire les points d'appui à quelques poteaux espacés.

Au-dessous, au niveau rez-de-jardin, se situent les espaces destinées à la restauratiion, aux archives et aux locaux techniques. Ces volumes ne sont visibles qu'en arrivant depuis l'ancen bourg, depuis le jardin public.

La perception du volume global de l'équipement varie donc considérablement selon le point de vue.

Les bureaux sont organisés sur un plan qudrangulaire (plan carré de 37 m de côté) et posés sur des volumes très vitrés, qui se développe sur deux niveaux.

Les façades des bureaux sont marquées par des murs rideaux à bandeaux verticaux, alternant des grandes baies vitrées de 5m de haut et 80cm de large et des panneaux en aluminium de 40cm de large (panneaux sandwich : paroi extérieur en aluminium, âme en polyester, parois intérieures en aluminium ou aggloméré).

Les circulations verticales sont intégrées dans deux tours (une extérieure et une intérieure) en bétaon armé laissé brut. Ces tours assurent la fonction de contreventement de la structure du bâtiment;

Celle extérieure constitue également un élèment de repère dans le paysage.

Le dessin formé par les dalles en noir et blanc posés sur le sol entre les équipements du pôle administratif soulignanit la volonté de proposer un projet urbain cohérent.

Les éléments qui caractérisaient cette ambition initiale se sont en partie estompés au cours des décennies: modifications et reprises ponctuelles des sols de la dalle, disparition de la pièce d'eau, disparition de l'oeuvre cinétique de l'artiste Yvaral (1934-2002).

D'autres problématiques liées aux choix des matériaux et aux dispositions de façade ont engendré des modifications. Les vitrages avaient été choisis en fonction et à leur degrè d'exposition : les niveaux du rez-de-jardin et du rez-de-dalle sont en vitrage clair et ceux des bureaux en viotrage teinté foncé.

Cependant déjà en 1977 l'insuffisance de ce dispositif avait été constatée; de très hautes températures relevées en été dans les bureaux les plus exposés aux apports solaires.

La pose de stores a permis de réduire ces effets mais ceux-ci ont ensuite été retirés, laissant la trace des points de fixation qui ont générés des coulures de rouille sur la façade.

L'intérieur

Les volumes doubles hauteurs accessibles au public (hall, salle du conseil et salle des mariages) ont été conçus dans un esprit d'extrême adaptabilité : des parois coulissantes séparent les pièces pour pouvoir réunir l'ensemble de cette partie de l' étage qui peut ainsi devenir une salle des fêtes aux dimensions généreuses ou une salle d'exposition. Ces configurations sont régulièrement exploitées.

Les éléments et les matériaux qui caractérisent ce niveau sont les poteaux métalliques habillés, le faux-plafond en éléments ajourés d'aluminium, le sol en pierre, les surfaces verticales revêtues de moquette au ton moutarde ou en panneaux métalliques.

Certaines des oeuvres posées sur les parois et le mobilier choisi par l'architecte Henri Beauclair, et visibles dans les clichés photgraphiques des années 1970, ont disparu en modifiant la perception de la qualité des intérieurs.

La relation à l'extérieur, par les grandes baies vitrées et l'accès à des balcons donnant vers le jardin, continuent à caractériser ces parties de l'équipement.

L'architecte Henri Beauclair avait participé à la conception de la Maison des Sciences de l' Homme, à Paris boulevard Raspail.

Les intérieurs de cet équipement, labellisé "Architecture Contemporaine Remarquable" et récemment réhabilité, montrent une parenté dans l'exploitation des possibilités offertes par les structures métalliques et le traitement des finitions intérieures.

L'utilisation de l'acier et de l'aluminium, la création d'espaces aux dimensions adaptables grâce à des aprois amovibles, l'attention porté à la mise en relation entre les intérieurs et le paysage sont des aspects qui mobilisent d'autres architectes affrontant le même type de programme à la même époque.

L'Hôtel-de-Ville centre administratif de Joinville-le-Pont, en Vla-de-Marne, est un exemple significatif de cette recherche (projet de 1977 par les architectes Robert et Gilbert Picquenard).

Une récente campagne photographique réalisée par le Service Patrimoine de la Région Ile-de-France permet d'évaluer la pertinnence de ce parallèle.

Mobilier mobile et fixe

Plusieurs photos des intérieurs meublés et les pièces écrites concernant le chantier sont conservées aux archives communales. Ces documents permettent de retracer l’histoire du chantier et de s’imaginer les ambiances créées pour répondre aux besoins de la collectivité.

Mobilier de la salle des fêtes

Les assises basses avec un coussin violet présentes dans la salle des mariages sont des tabourets ayant également équipés les Hôtels de Ville de Garches-lès-Gonesse et de Nanterre datant des mêmes années. Il s’agit d’une assise formée par une coque en résine, qui semble reprendre les formes créées par le designer Marc Held. 

Le mobilier du hall d'accueil

Les chauffeuses du hall sont aussi des pièces similaires aux chauffeuses de Christian Adam pour Prisunic, sans qu’il soit possible de les identifier avec précision. 

Plusieurs modèles similaires étaient en production chez des éditeurs à la même période.

Les tables basses avec jardinières intégrées sont aussi caractéristiques de la production de cette époque, sans qu’il soit possible d’identifier leur origine avec précision.

Salle des commissions :

Les chaises de la salle des commissions sont probablement d'Etienne Fermigier avec comme éditeur MPS. L’éditeur MPS apparaît dans les courriers de commande du mobilier conservés aux archives.

Précisons communiquées par Florence Tajan : En 1967, le Mobilier National a commandé une étude à Etienne Fermigier pour la réalisation "de prototypes d'une famille de sièges de grande série". Les chaises ont été réalisées par l'A.R.C (Atelier de Recherche et de Création). Cette entité du Mobilier National fut créée en 1964, pour mettre en avant le travail d'une nouvelle génération de concepteurs pour meubler les bâtiments officiels et les administrations. Ces modèles ont par la suite été déclinés par l'éditeur MPS avec le consentement du Mobilier National afin de toucher à une diffusion plus large.

Note réalisée par Franca Malservisi, Architecte, docteur en histoire de l’architecture.

HENRI BEAUCLAIR

Éléments biographiques

Architectes, repères d’architectures : 1950-1975. Henri Beauclair, Henri Bernard, Les mini PA n°25, Paris, Edition Pavillon de l’Arsenal, 1999

« Parcours, réalisations, projets.

Né à Paris le 12 août 1932, Henri Beauclair entre à l’école nationale supérieure des beaux-arts en 1950. Formé dans l’atelier Lods-Hermant-Trezzini, il quitte l’école en 1957 avec le prix Guadet et le prix du meilleur diplôme. D’abord stagiaire chez Marcel Lods, il s’associe avec ce dernier en 1951 pour former la société Lods-Depondt-Beauclair.

Sa première œuvre personnelle est l’église qu’il construit à Yverdon, en Suisse. 1962

(MOI concours) De 1965-1968, il réalise avec ses associé la Maison des sciences de l’homme à Paris.

1973 marque un tournant de la carrière d’Henri Beauclair quand il quitte l’association pour s’installer en tant qu’architecte indépendant. Il construit en 1975 la Chancellerie de l’ambassade de Turquie (1976) à Paris, remarquable bâtiment de béton et de verre.

Parmi ses nombreuses réalisations, il faut citer les multiples expérimentations qu’il mène avec Marcel Lods,sur les thèmes de la préfabrication industrielle et d’un urbanisme « vert », dans de grandes opérations (de) logement social à Fontenay-sous-Bois, à Meaux, au Vaudreuil.

Architecte conseil du ministère de l’urbanisme du logement et des transports, membre du cercle et d’études architecturales et 1973 à 1984, membre de l’Académie d’architecture depuis 1983, Henri Beauclair a enseigné à l’école d’architecture Paris-Val-de-Seine. »

Lors de la conférence l’architecte présente quatre projets :

- Maison des sciences de l’homme avec Marcel Lods et Paul Depondt (diplôme du MIT et quelques années à Chicago), livrée en 1968. Projet « très strict » en structure acier, un des premiers tout conditionné (le projet date de 1965).

- Chancellerie de l’Ambassade de Turquie, conçu en 1973, avenue Lamballe. Terrain en pente, choix des parois courbes... (abandon des brise soleil, conditionnement... et verres réfléchissants « on y croyait beaucoup à l’époque » p. 28).

- Temple protestant à Yverdon, Suisse, concours 1962, pasd e recherche de verticalité, plafond bas et lumière constante...)

- Maison de vacances à Grimaud dans le Var.1972

Thèmes évoqués : diverses influences Mies et Wright

Accompagnement de la transition intérieur/extérieur

Bâtiments industrialisés, avec Lods :

- Grand’Mare à Rouen, éléments préfabriqués à l’usine et assemblés à la main

- Ensemble de Vaudreuil, concours gagné en 1972 (un quartier avec logements et équipements, toujours industrialisation modulaire)

- Images de la Chaufferie de Meaux (reste de la ZUP classique)

Giulia Marino, 2015, DOCOMOMO)

1962 Groupement pour l’Étude d’une Architecture Industrialisée GEAI, porté par Marcel Lods et avec Paul Depondt. Un premier prototype à Aubervilliers en 1966, puis en 1968, l’ensemble de la Grand’Mare à Rouen.... autres projets, puis après 1975 le procédé est délaissé (crise, Pailleron et la question de la résistance au feu)

Fiche base Mérimée

https://pop.culture.gouv.fr/notice/merimee/ACR0000712

Henri Beauclair, Chancellerie Ambassade de Turquie

Paris 16e Arrondissement ; 16 avenue de Lamballe

27 avril 1972, l’ambassadeur de Turquie, Hassan Isik, dépose une demande de permis de construire pour la nouvelle chancellerie du poste diplomatique de Paris.

« Contraint par l’étroitesse du terrain et le voisinage immédiat d’un bâti ancien et d’un jardin historique, Henri Beauclair dessine un bâtiment à la façade ondoyante, entièrement vitrée, afin d’adoucir l’impact visuel de cette architecture contemporaine et d’introduire des jeux de reflets et de transparence avec le jardin. »

Livraison 1975 - ACR 2020

BIBLIOGRAPHIE

Henri Beauclair

Architectes, repères d’architectures : 1950-1975. Henri Beauclair, Henri Bernard, Les mini PA n°25, Paris, Edition Pavillon de l’Arsenal, 1999

Marino, Giulia, “The Controversial History of the “Steel and Glass” by Lods, Depondt and Beauclair. The GEAI Housing Estate La Grand’Mare in Rouen (1968–2016)”, Docomomo Journal, (54), 28–35, 2016, https://doi.org/10.52200/54.A.Z5I3RILI

Yverdon-les-Bains, Temple de Fontenay 1963-1964

https://www.editions-thiele.com/catalogue/2023/05/18/un-temple-a-yverdon-les-bains-fontenay-le-beton-au-service-du-divin/

BIBLIOGRAPHIE

Hôtel de Ville de Fontenay-sous-Bois

1973-2013 Il y a 40 ans naissait l’hôtel de ville, brochure exposition conçue et réalisée par le service Archives/documentation de la direction de la Communication de la ville de Fontenay-sous-Bois, Journées du Patrimoine 2013.

Archives municipales de Fontenay-sous-Bois, Hôtel de Ville, 1973

-Plaquette et carton inauguration, AM Fontenay-sous-Bois

-Photos chantiers, photos maquettes

-Documentation graphique et écrite concernant le chantier, l’aménagement intérieur et la commande de mobilier

-CNAM Techniques architecturales, Mairie de Fontenay-sous-Bois, Berthault, Grenier, Koch, 1977 (Étude CNAM (rapport par des étudiants futurs ingénieurs sur le projet récent de l’hôtel de ville).

Partager sur